Les Chants de la Nef : l’Histoire de l’enregistrement :
Diem ! carpe Diem ! « Profiter du jour présent / que votre vie soit extraordinaire / sucer la moelle secrète de la vie / : Cercle des poètes disparus ?
Non !, Diem, maison de disques pour le mieux-être, le départ. Francis Léry à la direction, un chalet dans un jardin du Vexin.
« Montres-moi ton jardin, je te dirai qui tu es ». Isolation naturelle dès l’entrée, renvoie à des contes, des parties dessinées, d’autres sauvages,
comme d’anciennes verdures de sages ancêtres, des lignes de fuite, un tendre réel de couleurs et de branchages dans de grandes hauteurs, un accueil,
des lieux très cachés à se réserver à soi, le parc était un parfait portrait du couple du lieu.
Leur rencontre coïncide avec ce studio à la maison, même si je n’ai plus de maison, mais un studio très primaire et voyageur où il est possible
de faire un disque. Francis et Bernadette m’invitent quelques mois en troc d’un spectacle.
Une soirée de ressentir. Une performance musicale et sensitive.
Le décor est là, ce sont tous les points forts du jardin. La scène est divisée, entourant les spectateurs à la fenêtre centrale, toute la machinerie
avec le chant et le mixage. Les toits, des synthés de chaque côté, des robots-lumières, le lieu de la danse, les éclairages en flammes,
l’arbre-grand en relais, le saule, le balcon du haut pour les choeurs, écrans sur les portes vitrées du bas avec un plan-images.
Dans les spectateurs, en même temps que le show, des plateaux qui tournent avec des odeurs, des goûts, des boissons, des fruits,
un nombre important de possibilités de saveurs, offerts comme un cadeau, déposés dans la bouche.
Marie-France Gregogna, l’intendante du lieu, est aussi chanteuse, nous l’embauchons sur les toits, la fenêtre du haut, les enregistrements,
toute la ponte des chants de la Nef. Danou est sur le toit gauche avec un vieux synthé analogique qui rappelle les temps héroïques.
elle a repris son maquillage de navigation, assurant aussi le fer à souder, les longueurs de fils, les branchements du dernier moment,
toute cette partie en retrait du musical silencieux.
Oriam devient le partenaire musical de trois albums. Il est là, sur un des toits avec un D50 et un gros tambour taïko de chaman,
Après le spectacle, les stages reprennent dans la maison, plus de place et nous devons partir encore sur la route, mais sans camion,
un coup d’Etretat, retour à la case départ, aux amis de Falaises.
Début du mixage du « Passage » là-bas, côté expédition. Petite vallée juste avant la mer, et en soi l’immense vallée de la transformation.
Au casque, le mix chaud, à marcher dans le jardin qui surplombe, enflammé comme si c’était exactement la musique du lieu.
Ensuite les jours et mois suivants viendront les déperditions…
je rencontre une artiste potière, eurasienne, qui allant bientôt changer d’atelier nous héberge, puis nous laissera la maison :
Amponville près de Fontainebleau, décor bauce, des grands ciels, un arbre solo, au début du chemin de la marche quotidienne, pour le soleil
ou pour chanter dans le froid, récouter ce qui s’est fait le jour au studio.
Marie-Pierre Roubin, son atelier était partout, dans la cuisine, l’entrée, les chambres. Partout un amas de terre, de documents, de gravats,
de plans, Elle sculptait des fontaines, jet unique, avec des couleurs fondues, des teintes de magma harmonieux sur des pyramides ou des globes ,
une artiste transcrite toute entière, dans son sillage des formes.
Il y a cette matière, cette terre, ces objets qu’elle sculpte à la main sur le tour, en concret.
En abstrait son mon écran, en haut dans la pièce qu’elle nous a réservée, des épaisseurs de sons, des tris,
des banques qui s’organisent avec des couleurs pour les retrouver au moment où il faut : liquide / matière / soufflé / descente / passage / signes /
pierre / terre / Eros / Avec ces mots la musique se fait.
« Les chants de la Nef » tournaient sur les logiciels, cette vieille histoire remontait au ventre, elle arrivait sur le visage,
il avait beaucoup plu, c’était un arc-en-ciel, le front dans l’azur, le reste dans le désert, les lèvres bleuies, le noir autour,
sur la pochette de la vie cellophanée.