Si je ne sortais pas du stage Avatar, j’aurais mis plus de hara, de présent là, d’allusions au vide, aux fatigueries entre les temps forts,
au largage dans le monde dit « Réel ». Encore faut-il avoir à en dire, il est peint si parfaitement sur toutes les coutures
par les meilleurs représentants de la culture, allons donc voir dans le « sensible », c’est beaucoup plus désert, dans cette partie ?
Mais bon ! j’assume mes pointes de coeur aux battements, c’est devenu prières, je les chante dehors sur les chemins.
Il paraîtrait que les êtres élémentaires aiment entendre des chants, en phase avec leurs travaux.La tournerie fonctionne avec la nature en face.
Avec des humains pris au hasard, c’est peut-être plus risqué.
Il y a des contrées sonores qui viennent du fond des mots, son du couple mutant, puis de la Nef-Musiq des Lyds, revisités par de nouvelles machines.
Avant, pour aller dans de la matière musique hors norme, il fallait inverser ou ralentir des bandes magnétiques, malmener des cordes, étirer,
aller vers le free,, un millimètre de bouton déplacé c’est un son nouveau, tisser des fibres sonores. alphabet sonore.
Il y a moyen de trouver entre le connu des sons d'usine,et des ouvertures d’autre monde,
comme dans le quotidien, il y a entre les choses habituelles de la vie, manger, travailler, dormir, des portes invisibles pouvant s’ouvrir et mener.
Reconstitution peinture de climats, demi-teintes, empilages de couleurs, le son des magiciens :
les instruments traditionnels depuis la nuit des temps jouaient ce rôle, mais il pouvait y avoir des chants vibratoires,
chant de silence, n’étant pas retranscrits : au-delà, en deça de la musique.
— « A moins de l’utiliser comme un instrument de recherche comme Louis Sclavis tiens ! lui, cela tient du mot « mystère » ,
mystère tiens dans ces mains. Joue le versant de l’autre côté des musiques. »
C’est cette zone, qui est terrain à défricher à l’ordinateur dans cette artisanerie hors-temps-modes.
Musiq-climats, dans la nature il y aurait à la fois le son des éléments et nos mémoires sonores qui retransposent.
Reportage de son univers intérieur, descendre encore, comme un spéléologue dans une grotte. Descendre avec un magnéto numérique, aller chercher
le son, ou monter, mais changer l’état, ramener au laboratoire, brancher les échantillonneurs et jouer avec, adoucir au souvenir, ôter ce qui fait mal.
En trouvant le point d’arrêt, adapter à l’heure près, en faire du vivant.
Quand l’arbre-source fut prêt, Woltek Siudmak vint donner sa peinture d’arbre-homme,
elle correspondait au rapport, que j’avais avec l’arbre-solo, au début du chemin de la marche quotidienne. Siudmak allait plus loin que cette visite,
s’asseoir sur les racines, mettre son dos sur l’écorce, ressentir la force dans les reins, dire quelques mots.
L’arbre de Siudmak était en teinte de soleil et d’automne avec un vent énorme, ou un souffle de lumière blanche. Pas d’orage, ni de terreur,
car des oiseaux volaient bas et calmes. L’arbre était un mâle. A bien regarder il y avait plusieurs hommes larges, musclés et veineux,
ou plutôt plusieurs bas du corps d’un grand tronc commun, partant en branche et en aspirations, une colonne pour monter au ciel ? ,
sexe végétal ou mutation de l’arbre avec des jambes d’hommes pour enfin partir ? Sûrement une scène d’une autre dimension ?
Ou le portrait des véritables voyailleurs ? unis quelques secondes : une image d’arbre se dégage, puis ils repartent chacun
dans une direction différente, libérés et puissants.